Nos animaux domestiques font partie intégrante de nos familles. Ils nous suivent dans nos gestes quotidiens. Nous surveillent et décèlent nos petits changements d’humeur, nos coups de blues. Ils sont toujours à nos côtés, et cela même jusqu’au petit coin… Mais c’est aussi pour ça qu’on les aime et qu’on souhaite le meilleur pour eux, afin qu’ils vivent en bonne santé le plus longtemps possible. Aujourd’hui, leur alimentation fait partie intégrante de nos préoccupations quotidiennes, car nous savons qu’elle est la base d’une bonne santé. Alors, est-ce que l’alimentation à base de viande crue est adaptée à nos chats ?
Mais pour commencer, qu’est ce qu’une alimentation adaptée?
Une alimentation adaptée couvre tous les besoins nutritionnels des chats (protéines, lipides, fibres, minéraux et vitamines). Elle est extrêmement digeste pour l’animal (petites selles, pas de vomissements, poids de forme). Et après une période de transition alimentaire, elle est très appétissante pour votre boule de poils.
Une alimentation à base de viande crue est parfaitement adaptée aux chats. Et voici ses principaux avantages incluent :
- peu de pertes nutritionnelles,
- peu de modifications de saveur,
- riche en eau,
- zéro additif.
Nous allons couvrir chacun de ces points dans le détail dans cet article.
L’alimentation à base de viande crue a peu de perte nutritionnelle pour votre chat
Les aliments sont des sources de nutriments qui serviront d’outils et de carburant à l’organisme d’un individu. Pour qu’il puisse respirer, manger et bouger au quotidien.
La viande est un aliment riche en protéines qui apportent des acides aminés naturels, des acides gras essentiels : Oméga 3 et 6 et de petites quantités des minéraux et vitamines. Les huiles végétales apportent de la vitamine E. Les abats sont source de fer, taurine, cuivre et d’un précurseur de la vitamine A. Les légumes crus sont pleins de fibres, des prébiotiques naturels. La levure de bière est un probiotique, riche en vitamines B. Et les algues contiennent du calcium, du magnésium et de l’iode. Tout ceux-ci est essentiel à la bonne santé de nos chats [1].
Tous types de cuisson ou déshydratation, détériorent ces nutriments ou les rendent inutilisables par l’organisme:
- A partir de 90-95°C : certaines vitamines B sont détruites,
- Au-dessus de 100°C : les sels minéraux sont moins disponibles,
- A partir de 110°C : il y a une oxydation des vitamines A, D, E et K,
- A partir de 120°C : les lipides s’altèrent.
A l’inverse la surgélation préserve tous les bons nutriments des aliments crus. Elle permet également de limiter les dégradations enzymatiques. Et elle élimine toutes proliférations bactériennes pour allonger la durée de conservation. Car ce processus de conservation à température très basse permet un refroidissement rapide et à cœur.
Comme cela, un aliment cru surgelé conservera toutes ses qualités nutritionnelles, mais également sa texture et sa saveur.
L’alimentation à base de viande crue conserve les saveurs et les textures
Les chats sont des carnivores. Ils ont donc des besoins spécifiques différents de ceux de l’humain. Un aliment riche en viande crue permettra de couvrir ses besoins en acides aminés essentiels par exemple. Le comportement alimentaire et leurs préférences alimentaires de nos chats sont peu mis en avant par les industriels du petfood. Pourtant ils sont aussi important que leur titre de carnivore. L’acceptation d’un aliment se passe en différentes étapes pour les chats : l’odeur, le goût et la texture.
Le chat possède près de 200 millions de cellules olfactives contre seulement 5 millions pour l’homme [3]. Etant donne la multitude d’odeurs que nous arrivons déjà à percevoir, imaginez celles senties par nos boules de poils dans leur environnement et leur gamelle. L’odeur de la viande crue est très appétissante pour eux (une fois qu’ils ont compris que c’est comestible !). C’est donc logique de voir son chat à l’affut lorsqu’on découpe de la viande crue. Cela les attire et les stimule.
Le goût est également un sens important qui permet d’évaluer l’appétence (ou palatabilité) de la nourriture ou sa toxicité. Les chats ont un goût beaucoup moins développé que l’humain. Cependant ils sont capables de détecter l’umami qui est une saveur perçue plutôt dans les aliments riches en protéines et donc naturellement présente dans un aliment cru riche en viande.
Enfin, la texture en bouche sera une troisième étape de l’acceptation de l’aliment. Les aliments cuits et transformés ont été reconstitués, mélangés, chauffés et mis en boîte. Cela a un impact direct sur leur texture et peut parfois rebuter nos compagnons les plus délicats (qui ont peur des nouvelles choses). Alors qu’une alimentation crue pour chats, riche en viande a une texture bien connue de l’espèce féline et canine et sera parfois plus facilement accepté en bouche.
Les aliments crus sont riches en eau
La transformation, particulièrement la cuisson de l’aliment, entraîne une perte en eau dans le produit. Il faut bien garder en tête que plus la cuisson sera longue et à haute température, plus la perte en eau sera importante. Le mode de cuisson a également un impact : une cuisson au four déshydratera plus l’aliment qu’une cuisson vapeur.
Cet apport d’eau est mis en avant car il est essentiel pour la vie et la bonne santé de l’animal. En particulier chez le chat qui est un animal originaire du désert et qui n’est pas un grand amateur des gamelles d’eau. Dans la nature, l’hydratation d’un chat sauvage se fait essentiellement au travers de sa nourriture.
Aujourd’hui les experts sont d’accords pour dire que si l’alimentation du chat est faiblement humide, celui-ci ne boira pas suffisamment à côté pour compenser son manque quotidien d’eau. Or si le chat ne boit pas suffisamment, il ira donc rarement uriner et son urine va stagner un certain moment dans sa vessie. Ce qui, à moyen terme, entraînera des problèmes de cystites récurrentes, voire de cristaux urinaires et autres problèmes d’insuffisance rénale. C’est pourquoi 60% des chats développent des problèmes rénaux [5 – 17] et que les problèmes rénaux sont la premiere cause naturelle de décès des chats [4].
Il est donc essentiel de nourrir nos chats avec des repas humides.
L’alimentation à base de viande crue pour chats est sans additif
Comme nous venons de le voir, la cuisson aura un impact sur l’équilibre nutritionnel du produit. En faisant le choix de ce procédé, pour garder un produit complet et équilibré, il est ensuite nécessaire d’ajouter des additifs nutritionnels artificiels. Ces additifs auront été travaillés et transformés pour résister à la chaleur et pour pouvoir être incorporés au produit avant le processus de transformation. Ces produits ont été conçus pour respecter le besoin nutritionnel de nos chats et ne pas leur causer de tort, néanmoins ils restent ultra-transformés par les industries agroalimentaires.
L’alimentation à base de viande crue est la l’alimentation la plus adaptée aux besoins des chats
Si vous souhaitez nourrir votre animal avec une alimentation 100% naturelle, c’est-à-dire « à base d’ingrédients bruts, et sans additif artificiel ou synthétique », les aliments crus, hachés et surgelés sont la meilleure option. Pour être aliment complet et équilibré pour les besoins alimentaires d’un chat, ces aliments incluent : une source d’acides aminés essentiels via des protéines animales (viande et abats), une source d’acides gras essentiels (viande, huile végétale ou de saumon), une source de fibres (légumes) et des apports en minéraux et vitamines (viande, abats, légumes, fruits et compléments alimentaires naturels). L’ajout de complément alimentaire est nécessaire, sous la forme de produits alimentaires naturels tels que des algues ou la levure de bière. Cette alimentation favorise un grand nombre de bienfaits, dont la diversité du microbiote intestinal qui aura un impact direct sur la santé de l’animal.
Le choix d’une alimentation crue ne fait pas tout, il va falloir vérifier que votre votre chat la tolère bien. S’assurer de la bonne conservation de l’aliment. Ainsi que le respect des règles d’hygiène élémentaires.
Sources :
[1] Tom Lonsdale, Dr. Veterinaire, dénonce les problèmes de santé chez les chats liés à un régime alimentaire ultra-transformée (pâtées et croquettes)
[2] Dr Jérôme Séguéla, Vetoparme, maladie rénale chronique du chat
[3] Le Monde, « l’odorat chez le chien », Coralie Diedrichs, 2018
[4] « Causes de décès les plus fréquentes chez les chats, étude de 530,000 chats », Agria Assurance pour Animaux, 2021
[5] P. Deng, E. Iwazaki, S. A. Suchy, M. R. Pallotto, K. S. Swanson, Les effets de la teneur en eau dans l’alimentation sur l’activité physique des chats adultes en bonne santé, Journal of Animal Science, Volume 92, Issue 3, March 2014, Pages 1271–1277
[6] Kane, E., Rogers, Q. R., & Morris, J. G. (1981). Comportement alimentaire du chat nourri avec des régimes de laboratoire et industriel. Étude en nutrition, 1(5), 499–507.
[7] ANDERSON, R.S. (1982), Bilan hydrique chez le chien et le chat. Journal de pratique des petits animaux, 23: 588-598.
[8] Buckley CMF, Hawthorne A, Colyer A, Stevenson AE. l’effet de la consommation d’eau au travers de l’alimentation sur le débit urinaire, la densité urinaire et la sursaturation relative en oxalate de calcium et en struvite chez le chat. British Journal of Nutrition. 2011;106(S1):S128-S130.
Sources – suite :
[9] Buffinggton, C. and Chew, D. (1998), Les effets de l’alimentation chez les chats atteints de maladies urinaires : une revue. Journal of Animal Physiology and Animal Nutrition, 80: 120-127.
[10] Lekcharoensuk C, Osborne CA, Lulich JP, Pusoonthornthum R, Kirk CA, Ulrich LK, Koehler LA, Carpenter KA, Swanson LL. La corrélation entre l’alimentation et la lithiase urinaire à l’oxalate de calcium et au phosphate d’ammonium et de magnésium chez le chat. J Am Vet Med Assoc. 2001 Nov 1;219(9):1228-37.
[11] Buffington CA, Chew DJ, Kendall MS, Scrivani PV, Thompson SB, Blaisdell JL, Woodworth BE. Évaluation clinique des chats atteints de maladies non obstructives des voies urinaires. J Am Vet Med Assoc. 1997 Jan 1;210(1):46-50. PMID: 8977647.
[12] Piyarungsri, K., Tangtrongsup, S., Thitaram, N. et al. Prévalence et facteurs de risque de la maladie des voies urinaires inférieures félines. Sci Rep 10, 196 (2020).
[13] Lew-Kojrys, S. & Mikulska-Skupien, E. & Snarska, Anna & Krystkiewicz, W. & Pomianowski, Andrzej. (2017). Évaluation des signes cliniques et des causes des maladies des voies urinaires chez le chat polonais. Veterinární Medicína. 62. 386-393.
[14] Jones BR, Sanson RL, Morris RS. Élucider les facteurs de risque de maladie des voies urinaires inférieures félines. N Z Vet J. 1997 Jun;45(3):100-8
[15] Walker AD, Weaver AD, Anderson RS, Crighton GW, Fennell C, Gaskell CJ, Wilkinson GT. Une enquête épidémiologique sur le syndrome urologique félin. J Small Anim Pract. 1977 Apr;18(4):283-301.
[16] Markwell PJ, Buffington CT, Smith BH. L’effet de l’alimentation sur les maladies des voies urinaires inférieures chez le chat. J Nutr. 1998 Dec;128(12 Suppl):2753S-2757S.
[17] Willeberg P. Épidémiologie du syndrome urologique félin d’origine naturelle. Vet Clin North Am Small Anim Pract. 1984 May;14(3):455-69.