L’internet regorge de recommandations, d’opinions et de recettes pour les chats atteints d’insuffisance rénale chronique. Prenez garde aux mauvais conseils. C’est une chose d’en recevoir concernant un animal adulte en bonne santé. Mais c’en est une autre quand il s’agit d’un animal avec une condition médicale.
Dans cet article, on vous propose de passer en revue les questions liées à la nutrition pour les chats atteints d’insuffisance rénale chronique. Et d’y répondre en s’appuyant sur des données d’études publiées dont les sources sont citées à la fin de cet article.
Pour commencer, nous allons aborder la question la plus difficile et la plus controversée. A savoir :
Peut-on nourrir au BARF un chat atteint d’insuffisance rénale chronique?
L’alimentation crue physiologiquement adaptée permet de mieux hydrater son chat. Ce qui est important car le sentiment de faim chez le chat est lié à celui de la soif. De ce fait, quand un chat mange son cerveau est programmé pour croire qu’il boit en même temps. Même s’il s’agit de croquettes sèches !
Un régime à base d’aliments crus hydrate donc les chats de façon plus naturelle et adaptée. Car dans la nature, les félins ingèrent la majeure partie de leur besoin en eau au travers leurs proies.
Cependant, il faut faire très attention au taux de protéines données à un chat souffrant d’insuffisance rénale chronique.
Doit-on nourrir un chat souffrant d’insuffisance rénale avec un régime pauvre en protéines ?
Cette question est un sujet de discorde et de débat, même parmi les nutritionnistes vétérinaires certifiés. Heureusement, de récentes recherches nous permettent d’y répondre de façon simple. Et la réponse est oui.
Voici pourquoi.
Les chats atteints d’insuffisance rénale chronique accumulent de nombreuses toxines qui ont un large éventail d’effets néfastes. Certaines de ces toxines sont le produit de la fermentation d’acides aminés dérivés de l’alimentation par la microflore intestinale. Comme par exemple, le sulfate d’indoxyle qui fera son apparition dans le foie.
Quel est le problème avec le sulfate d’indoxyle ? Une recherche scientifique a montré qu’il affecte négativement la fonction immunitaire, provoque une neuroinflammation, présente une toxicité cardiovasculaire, fait avancer la progression de la maladie rénale, et est associé à un risque de mortalité accru. Il est aussi un facteur pathogène favorisant la perte de masse musculaire (Sato et al. 2016). Ce dernier est trompeur, car on cherche (à tort) à contrer cette perte musculaire par un régime alimentaire riche en protéines.
Un régime riche en protéines à base de viande crue est plus digeste qu’un régime de croquettes riches en protéines équivalent. Car il entraîne une fermentation relativement moindre des acides aminés par les bactéries intestinales et donc moins de toxines. Cependant un régime alimentaire riche en protéines est à éviter pour un chat souffrant d’insuffisance rénale. Que ce régime soit déshydraté ou non-dégradé par la cuisson à haute température.
Est-ce que le type de protéines a de l’importance ?
Oui ! Absolument. Outre leurs différences dans leur teneur en vitamines et en minéraux, une différence clé entre les protéines est leur teneur en matières grasses.
Pourquoi est-ce important ? Si vous utilisez des protéines extrêmement maigres comme du blanc de poulet, vous augmenterez considérablement la teneur en protéines et en phosphore or il est recommandé de favoriser des sources de protéines avec une plus haute teneur en matières grasses, comme par exemple, de l’agneau ou de la viande rouge ou de la cuisse de poulet. Ces spécificités sont importantes lorsqu’il s’agit de formuler un régime thérapeutique.
Doit-on nourrir un chat souffrant d’insuffisance rénale avec un régime pauvre en phosphore ?
Oui. La rétention de phosphate est le facteur déclenchant du développement de nombreuses complications observées dans les maladies rénales chroniques, telles que l’hyperparathyroïdie rénale secondaire ainsi que les maladies osseuses et cardiovasculaires. Plusieurs études ont démontré qu’une diminution de la teneur en phosphore dans l’alimentation de nos petits félins atteints de maladie rénale chronique ralentit le déclin de la fonction rénale et augmente leur espérance de vie.
L’AAFCO préconise une teneur en phosphore d’environ 1,3 gramme pour 1,000 kcal dans la nourriture pour chat. Il est vrai qu’il n’y a pas encore d’études détaillant avec exactitude la teneur idéale en phosphore dans la nourriture pour les chats atteints d’insuffisance rénale chronique. En général, les aliments dédiés aux chats souffrants d’insuffisance rénale chronique ont une teneur en phosphore de 0,8 grammes pour 1,000 kcal.
Les régimes à base de viande crue et riches en protéines, tels que les aliments frais MUz’OH, contiennent généralement moins de phosphore que les croquettes ou les pâtées pour chat industrielles. Cependant, nos recettes MUz’OH ont été élaborées par des vétérinaires avec une optique préventive. Elles sont donc parfaitement adaptées pour maintenir un chat en bonne santé et assurer sa longévité. Par contre, nous n’avons malheureusement pas encore conçu de recettes avec une optique thérapeutique. Ainsi, nos boulettes ne sont pas adaptées à un chat souffrant d’insuffisance rénale chronique. Si vous souhaitez nourrir votre chat souffrant d’insuffisance rénale avec nos produits. Il vous faudra agrémenter nos repas avec des ingrédients supplémentaires ou des compléments essentiels, pour satisfaire les besoins spécifiques de votre chat.
Ceci étant dit, restez très prudents si vous tentez d’adapter la nourriture de votre chat. En effet, l’ajout d’ingrédient dans le but d’atténuer le phosphore, viendra également modifier les teneurs en d’autres nutriments, risquant de déséquilibrer la recette. Donc avant toute chose, mieux vaut prendre conseil auprès de votre vétérinaire ou d’un vétérinaire nutritionniste spécialisé en nutrition féline.
Et les oméga-3 ? Quelles huiles dois-je ajouter à l’alimentation de mon chat ?
Comme pour la restriction du phosphore, il est important de le faire correctement. Les poissons en conserve et frais contiennent des acides gras oméga-3. Et dans certains cas, cela peut être suffisant. Mais généralement des acides gras oméga-3 supplémentaires sont nécessaires, sous forme d’huile de poisson ou d’huile de krill.
Malheureusement, les recherches scientifiques sur l’effet des acides gras oméga-3 sur l’évolution d’une insuffisance rénale chronique chez le chat ne sont à ce jour pas concluantes. Cependant, il existe deux articles importants de Brown et al. publiés en 1998 et 2000, sur les acides gras oméga-3 pour les chiens atteints d’insuffisance rénale chronique. Les auteurs ont découvert que les acides gras oméga-3 étaient rénoprotecteurs.
De nombreuses recettes pour chats atteints d’insuffisance rénale chronique contiennent des glucides, faut-il s’en inquiéter ?
Comme nous l’avons déjà établi, réduire la teneur en protéine dans l’alimentation des chats atteints d’insuffisance rénale chronique leur est bénéfique. Pour pouvoir diminuer les protéines, il faut augmenter les autres macronutriments : lipides et/ou glucides. Il est possible de créer un régime rénal à très faible teneur en glucides pour un chat mais cela signifie que le taux de graisse doit être plus élevé, ce qui n’est pas idéal. Mieux vaut offrir à son chat souffrant d’insuffisance rénale chronique une alimentation avec une teneur modérée voire faible en glucides, une teneur modérée voire élevée en matières grasses et une restriction en protéines. Il est vrai que la très grande majorité des croquettes industrielles contiennent (parfois) trop de céréales et donc de glucides pour les chats. Cependant, les chats sont capables de digérer un certain taux de glucides, s’ils sont correctement préparés. Comme les glucides sont généralement plus faibles en phosphore que les protéines, l’ajout de glucides dans l’alimentation d’un chat souffrant d’insuffisance rénale chronique contribue à réduire le taux de phosphore.
Une autre raison d’ajouter des glucides à une recette pour un chat atteint d’insuffisance rénale chronique est que les ingrédients apportant ces glucides peuvent ajouter deux autres éléments précieux : des antioxydants et des fibres. Et même si pour les félins, les bienfaits des fibres dans un régime pour chat souffrant d’insuffisance rénale n’a malheureusement pas été établi, il existe de nombreuses recherches intéressantes sur d’autres espèces. Il semble ainsi probable que les fibres puissent profiter aux chats de la même manière. Par exemple, chez les personnes atteintes d’insuffisance rénale chronique, un apport élevé en fibres est associé à une meilleure longévité (Krishnamurthy et al. 2012).
Qu’en est-il des ‘régimes’ rénaux sur ordonnance ? J’ai lu qu’ils sont pleins “d’additifs” et d’ingrédients nocifs.
C’est une idée fondée sur la composition des ingrédients, uniquement, plutôt que les nutriments. Par exemple, ce n’est pas parce que les régimes rénaux sur ordonnance contiennent des sources de glucides, comme le riz, que cela sera néfaste à votre chat souffrant d’insuffisance rénale. Le tout est que la composition nutritionnelle de ces régimes soit équilibrée et adaptée aux besoins spécifiques de votre chat.
Si vous préférez offrir une alimentation préparée à la maison plutôt qu’un régime sur ordonnance ou médicalisé, c’est très bien, nous en voyons évidemment la valeur. Nous sommes convaincus qu’une alimentation non dégradée par la cuisson ou la déshydratation est ce qu’il y a de mieux pour les chats. Mais une alimentation pour chats atteints d’insuffisance rénale chronique fait-maison doit être correctement formulée, en suivant les conseils de votre vétérinaire ou d’un vétérinaire nutritionniste. Ou si vous préférez opter pour une bi-nutrition (un mélange de repas tout-prêts et fait-maison), pour vous faciliter la vie, demandez également conseil à votre vétérinaire ou à un vétérinaire nutritionniste, ils sauront vous recommander le type d’ingrédients et la quantité nécessaire à mélanger aux repas MUz’OH pour satisfaire tous les besoins de votre chat.
Quelques lectures supplémentaires sur les maladies rénales et la nutrition :
Lire Summers et al. article ici : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jvim.15389
Lire Chen et al. papier ici : http://www.cauvet.com/upload/accessory/20196/20196141610276258550.pdf
Lire Liao et al. article ici : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/jvim.15457
Lire le Vaziri et al. article ici : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4260945/
Lire Kieffer et al. article ici : https://www.physiology.org/doi/full/10.1152/ajprenal.00513.2015
Lisez Brown et al. article ici : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10711867
Lisez l’article de Geddes et al. ici : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33527601/
Lisez l’article d’Ephraim et Jewell ici : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7258573/