Actuellement, moins de 10% des chats et des chiens en France sont nourris d’une alimentation fraîche et naturelle via du BARF pour chats ou chiens ou des rations ménagères [5]. De ce fait, la plupart des vétérinaires font très peu face à ce cas de figure.
Pourquoi l’alimentation naturelle ne fait pas un avec le monde vétérinaire?
- L’industrie du petfood, c’est-à- dire les fabricants de croquettes et pâtées pour chats et chiens, génère des milliards d’euros de chiffres d’affaires. Les 2 capitaines de l’industrie du petfood sont d’énormes industriels, Mars et Nestlé, et de puissants lobbyistes [4].
- Par exemple, la majorité des croquettes ont pour principal apport énergétique, les glucides, c’est-à-dire les sucres. Un surplus de sucres est mauvais pour nos petits carnivores félins et canins. Pourtant, la loi n’oblige pas l’industrie du petfood à mentionner le taux de glucides sur les paquets de nourriture pour chats et chiens.
- Dans l’ordre des priorités gouvernementales, la santé de nos animaux de compagnie figure loin derrière la santé humaine ou même la santé des animaux de la ferme.
- Du coup, la recherche, particulièrement celle liée à la nutrition des chats et des chiens, est souvent financée par l’industrie du petfood [6]. Ce qui contrôle une grande partie des narratives concernant les informations publiées à ce sujet, mais aussi les sujets et thèmes de recherches abordés [4].
- C’est pourquoi, par exemple, bien que les problèmes urinaires soient la 1ère cause de décès naturel des chats [7] et que 60% d’entre eux souffrent d’insuffisance rénale, il y a très peu d’études publiées sur le sujet. Si cela était la première cause de décès des êtres humains et que plus de 90% d’entre nous était nourri aux croquettes, une alimentation hyper sèche, pensez-vous qu’ils y auraient plus d’études scientifiques sur le sujet? Evidemment !
- ”Mais l’exploit majeur [des gros industriels du petfood] consiste à avoir infiltré des écoles agricoles et vétérinaires” [4]. De nombreuses universités vétérinaires, ayant des liens avec les industriels du pet food, dispensent une formation sur les régimes alimentaires félins et canins.
- Un grand nombre cliniques vétérinaires comptent parmi leur actionnaires des industriels du petfood [1] [3]. Ce qui pose un problème de conflits d’intérêts [2].
Le contexte de l’alimentation féline et canine
De ce fait, si vous informez votre vétérinaire que vous nourrissez votre animal d’une alimentation fraîche et naturelle, plutôt que de croquettes. Il y a des chances pour qu’il n’approuve pas votre décision. Pourtant, les régimes alimentaires hautement transformés pour chats et chiens, que sont les croquettes, datent seulement des années 1970. Pendant des millénaires, les chiens ont été nourris de restes de table. Et les chats, ayant pour mission de chasser les rongeurs, vivaient principalement de leur chasse. Leur régime alimentaire, ainsi que celui de leurs ancêtres, contenait peu de glucides et n’était pas hautement déshydraté.
Que faire si votre vétérinaire remet en question votre choix d’une alimentation naturelle? Et ce qui est bon à savoir ?
Les vétérinaires sont souvent des généralistes
Nous faisons implicitement confiance à nos vétérinaires car leur expertise en matière de diagnostic de santé animale est incontestable. Cela va sans dire que l’on fait de même avec un bon médecin généraliste. Et comme pour un médecin généraliste, les vétérinaires sont souvent généralistes. Ils sont même plus généralistes que nos médecins car ils soignent les maux de toutes sortes d’animaux. Et il est vrai que leur spécialisation en nutrition peut ne pas être très approfondie, étant donné l’étendue de leurs responsabilités et domaines d’expertise. Très peu d’entre eux sont des spécialistes en nutrition. Cependant, il existe des vétérinaires nutritionnistes.
Contexte commercial de la profession vétérinaire
De plus, il est judicieux de se rappeler que la pratique vétérinaire inclut des considérations économiques. Les vétérinaires, tout en étant des professionnels de la santé animal, opèrent aussi dans un contexte commercial. Votre médecin généraliste ne vous vendra pas de repas déshydratés de la marque “X”. Alors que, la vente de produits alimentaires industriels, tels que les croquettes et les pâtées, peut représenter une source de revenus significative pour les cliniques vétérinaires [5], “jusqu’à 30 % de leur chiffre d’affaires” [4]. Ils existent même une plateforme dédiée à la vente et la livraison express en clinique vétérinaire d’alimentation industrielle de type croquette et pâtée; www.chronovet.fr .
Cela ne diminue en rien leur engagement envers la santé des animaux. Mais il est important de reconnaître cette dimension lors de la discussion sur l’alimentation de votre animal. Alors, lorsqu’un vétérinaire exprime des réserves quant à l’alimentation naturelle et fraîche que vous avez choisie. Il est conseillé d’engager une conversation ouverte et constructive. Demandez-lui de vous expliquer ses préoccupations spécifiques. Vous pourriez également envisager de consulter un spécialiste en nutrition animale. Il pourrait vous offrir une perspective plus ciblée sur l’alimentation naturelle. Ces experts, tels que les vétérinaires nutritionnistes, peuvent fournir des conseils précis sur la manière de formuler un régime équilibré qui répond aux besoins spécifiques de votre animal, en tenant compte de ses conditions de santé.
Les vétérinaires et l’alimentation – La montée des vétérinaires solidaires, qui sont-ils et que font-ils?
La montée des “vétérinaires solidaires” reflète un changement progressif dans la compréhension et l’appréciation de l’impact de l’alimentation sur la santé animale. Comme de nombreux propriétaires d’animaux, un nombre croissant de vétérinaires reconnaît l’importance capitale de ce que nos compagnons mangent. C’est dans ce contexte que la Raw Feeding Veterinary Society (RFVS) a émergé au Royaume-Uni en 2015, marquant un tournant significatif dans l’approche nutritionnelle vétérinaire. Cette organisation mondiale se distingue par son engagement à promouvoir l’alimentation naturelle, spécifiquement l’alimentation crue, comme un moyen essentiel d’améliorer la santé des animaux de compagnie.
L’initiative de la RFVS : éduquer et former les professionnels de la santé animale
L’initiative de la RFVS ne se limite pas à la simple promotion de ce type d’alimentation. Elle vise également à éduquer et à former les professionnels de la santé animale, y compris les vétérinaires et les assistants vétérinaires, sur les principes de la nutrition naturelle et ses avantages. L’organisation aspire à instaurer une nouvelle norme dans les soins vétérinaires, où l’alimentation fraîche et crue n’est pas seulement acceptée mais encouragée comme une option viable et bénéfique pour la santé animale.
l’alimentation au cœur des discussions sur la prévention et le traitement des maladies
L’importance de cette mission réside dans son potentiel à transformer la manière dont les vétérinaires abordent la santé animale, en plaçant l’alimentation au cœur des discussions sur la prévention et le traitement des maladies. En fournissant des ressources éducatives, des recherches scientifiques et des études de cas sans conflits d’intérêts. La RFVS facilite une compréhension plus profonde des liens entre alimentation et santé. Encourageant ainsi une ouverture d’esprit et une acceptation croissantes de pratiques alimentaires alternatives parmi les professionnels de la santé animale.
Cette évolution reflète une prise de conscience plus large des bienfaits potentiels des régimes alimentaires naturels, non seulement pour les animaux de compagnie mais aussi pour leurs propriétaires. En soutenant les vétérinaires solidaires qui adoptent et promeuvent ces pratiques, la RFVS contribue à bâtir un avenir où les choix alimentaires pour nos animaux sont informés par une compréhension approfondie de leur impact sur la santé et le bien-être. La montée de ces vétérinaires solidaires est un témoignage de l’évolution des attitudes et des pratiques dans les soins vétérinaires, marquant une étape vers une approche plus holistique et individualisée de la santé animale.
Sources:
[1] Les Échos, “L’ordre des vétérinaires s’alarme de l’actionnariat des cliniques”, Bénédicte Weiss, 2021
[2] Les Échos, “Établissements vétérinaires : le Conseil d’Etat s’en prend aux pactes d’actionnaires”, Bénédicte Weiss, 2023
[3] Les Échos, “Après les croquettes, Mars mise sur les cliniques vétérinaires en Europe”, Marie-Josée Cougard, 2020
[4] Libération, “Les croquettes pour chiens et chats sont-elles un scandale alimentaire qui se déroule sous nos yeux ?” Pierre Carrey, 2017
[5] CNRS, “Les aliments industriels pour animaux de compagnie en France : état des lieux, tendances et place du vétérinaire”, Camille Brzoska, dumas-04106213, 2022
[6] Association for Truth in Petfood et raw-feeding-prey-model.fr “FEDIAF, AAFCO, NRC et l’industrie petfood – conflits d’intérêts”, 2022
[7] Agria Assurance pour Animaux, “Causes de décès les plus fréquentes chez les chats, étude de 530,000 chats”, 2021